Fran?ois Mitterrand à Chateau-Chinon, le 10 mai 1981, après l'annonce des résultats.
Crédits photo : JEAN-CLAUDE DELMAS/AFP
VIDéOS - De la folle journée du 10 mai à la cérémonie d'investiture, le 21, LeFigaro.fr retrace les premiers jours du mandat du seul président de gauche de la Ve.
C'était il y a 30 ans, un certain 10 mai 1981. Après avoir voté vers midi à la mairie de Chateau-Chinon, qu'il dirigeait depuis 1959, Fran?ois Mitterrand se retire à l'h?tel du Vieux Morvan, où il a l'habitude de loger lors de ses séjours dans son fief de la Nièvre. Dans la chambre n°15, qui lui est réservée à l'année, il regarde le match de rugby entre Béziers et Lourdes. Impassible, malgré l'agitation régnante. Vers 18h30, la journaliste Danièle Molho lui annonce que les premières estimations de l'Ifop le donnent gagnant. Suit Jean Glavany, proche conseiller et futur directeur de cabinet du socialiste: ?Vous êtes élu sans aucun doute?, lui glisse-t-il. Mitterrand ne cille pas.A 20h, les cha?nes de télévision dévoilent ligne à ligne le visage du vainqueur. Suspense : le crane de Fran?ois Mitterrand ressemble à s'y méprendre à celui de Valéry Giscard d'Estaing. Sur Antenne 2, Jean-Pierre Elkabbach annonce : ?Fran?ois Mitterrand est élu président de la République?.
Explosion de joie rue de Solférino. Secrétaire national du PS, Lionel Jospin prend la parole et invite les Parisiens à se rendre en masse à la Bastille pour fêter ?ce jour de joie?. Son allocution est retransmise en direct à la télévision.
A l'h?tel du Vieux Morvan, Fran?ois Mitterrand travaille depuis 19h sur son discours. A l'annonce du résultat, il sort sur la terrasse du premier étage de l'h?tel pour saluer la foule enthousiaste. Son épouse Danielle est à ses c?tés. A 22h21, il chausse ses lunettes pour lire sa première allocution de président depuis la mairie, qu'il a rejointe à pied. Ses paroles restent ancrées dans les mémoires : ?Cette victoire est d'abord celle des forces de la jeunesse, du travail, de création, du renouveau?, assure-t-il devant des dizaines de partisans. ?Je mesure le poids de l'histoire, sa rigueur, sa grandeur (...). J'agirai avec résolution pour que, dans la fidélité à mes engagements, la France trouve le chemin des réconciliations nécessaires. Nous avons tant à faire ensemble?. Dans la foulée, Mitterrand monte dans une Renault 30 avec Danielle pour rejoindre Paris, sous une pluie battante.
Place de la Bastille, dès 21h, la foule afflue autour de deux camions podiums spécialement aménagés. Autour de la colonne de Juillet, roses et drapeaux sont brandis et les slogans - ?Président Mitterrand! Mitterrand!?, ?On a gagné!? - repris en chœur … Michel Rocard ouvre les festivités : ?Nous allons ouvrir une page nouvelle dans l'histoire de France. Je veux dire notre joie à tous. Mais il est, ce soir, des gens dé?us dont Fran?ois Mitterrand va devoir tenir compte?, assure-t-il.
Vers 23h, Lionel Jospin arrive place de la Bastille et prononce un nouveau discours. Les artistes se succèdent sur scène et les gens dansent, malgré l'orage qui s'abat sur la capitale aux alentours de minuit.
Vers 1h45 du matin, Fran?ois Mitterrand arrive rue de Solféfino, sous les applaudissements d'une foule encore compacte. Le service d'ordre doit forcer le passage pour qu'il puisse entrer. Il quitte le siège du PS vers 3h, après s'être entretenu avec Pierre Mauroy, son futur premier ministre.
Le 19 mai, Valéry Giscard d'Estaing prononce son dernier discours en tant que président de la République. Après une longue allocution très solennelle, il prononce son célèbre ?au revoir? et reste immobile cinq secondes, face à la caméra. Puis il se lève, tourne le dos à l'objectif et sort du champ, laissant sa chaise vide, alors que retentit ?la Marseillaise?.
Deux jours plus tard, Giscard quitte à pied le palais de l'Elysée, après la passation de pouvoir. En fin de matinée, Fran?ois Mitterrand remonte les Champs Elysées en voiture décapotable et va déposer une gerbe sur la tombe du soldat inconnu. Après un entretien avec Jacques Chirac à la mairie de Paris, Mitterrand se dirige vers le Panthéon pour rendre hommage Jean Jaurès, Jean Moulin et Victor Schoelcher. Il remonte à pied la rue Soufflot, rose à la main, devan?ant d'une dizaine de mètres tous ses proches, qui marchent bras-dessus bras-dessous.
Le 27 mai, Mitterrand convoque le premier conseil des ministres à l'Elysée. Les Fran?ais découvrent le gouvernement Mauroy, qui sera ajusté dès la mi-juin avec l'arrivée remarquée de quatre ministres issus du parti communiste.
Les première mesures adoptées, issues des?110 propositions? formulées par Fran?ois Mitterrand lors de sa campagne, sont celles d'un pouvoir en ?état de grace? : hausse du SMIC de 10%, augmentation du nombre de fonctionnaires, 5e semaine de congés payés, premières nationalisations… Le temps de la ?rupture? ne durera que jusqu'à l'automne : le ministre de l'Economie Jacques Delors annonce alors une pause dans les réformes. Avant d'initier, dès 1983, le virage de la rigueur.
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